GENOCIDES ET RECONCILIATIONS

Publié le par Cyrille TCHAMBA

La semaine écoulée restera comme l’une de celles où on a réellement avancé dans le processus de désignation des candidats dans les partis politiques français. Pendant que la contestation s’amplifie au sein de l’UMP, on constate une adhésion quasi totale des socialistes sur la candidature de Madame Royal, faisant fi des affrontements des 16 mois passés. On oublie tout et on repart sur de bonnes bases pour affronter l’adversaire.

Ce comportement est à saluer et à recommander non seulement en politique, mais aussi dans la vie de tous les jours, car trop souvent les petites luttes intestines priment sur les enjeux importants. Cela m’emmène à l’actualité la plus marquante de ma semaine : le Rwanda.

La semaine dernière on nous apprenait qu’un célèbre juge parisien avait ouvert une enquête sur le génocide du Rwanda et qu’il mettait en accusation des proches du Président Paul Kagamé et ce dernier aussi. Ceci faisant suite à différentes plaintes déposées par des Rwandais en exil et des amis du Rwanda.

On ne peut qu’encourager ce magistrat qui veut aller au fond d’un dossier aussi épineux que le « génocide rwandais ». Cet acte est la reconnaissance des souffrances des victimes, de leur famille et du peuple rwandais tout entier. Jamais sur notre planète, un homme libre et digne ne doit accepter que se reproduisent de telles horreurs.

La réaction des autorités de Kigali n’est pas une surprise, car depuis des mois déjà, ils ont mené une intense campagne nationale et internationale pour freiner la justice française dans son élan.

Interrogeons nous quand même sur l’impact d’une telle action sur les rwandais. Aujourd’hui, la Rwanda paraît calme. Une commission de réconciliation a été mise en place et les victimes du génocide bénéficient du soutien de plusieurs structures locales et internationales. Les gens retrouvent peu à peu leurs habitudes et par celles-ci le goût de vivre. C’est une très bonne chose que ce peuple en souffrance au plus profond de lui-même, arrive à reprendre espoir et à consolider l’esprit patriotique nécessaire à l’édification d’une nation forte et prospère.

Cette action du juge français ne viendra t-elle pas rouvrir les blessures que les rwandais tentent d’oublier ? Les auteurs du « génocide » rwandais doivent payer certes, mais avons-nous la maîtrise de ce qui pourrait arriver, si pour se protéger, ces « criminels » rééditaient leur macabre besogne ?

L’exemple de l’Afrique du Sud peut nous aider à y réfléchir. La victoire de Mandela aux élections présidentielles avait fait craindre une « vendetta » des noirs contre les blancs. Pourtant les autorités de L’ANC, après la victoire, ont choisi la voie de la « réconciliation » à travers une commission du même nom. Le but de cette commission était de faciliter le dialogue entre tous les sud africains, noirs, blancs et métis. Ce fut un grand succès, car elle a permis le « Pardon national ». Comment auraient réagi les sud-africains des différentes communautés, si par exemple, Pitt Botha avait été jugé et condamné (il le mérite)?

Quelque fondée qu’elle puisse être, toute action judiciaire contre les dirigeants rwandais responsables ou pas du « génocide », doit être revue. Laissons aux rwandais la responsabilité de construire les conditions de leur « pardon national ».

Publié dans egalitesplus

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article